La petite fille se retourna un instant, le temps de me dire :
_Kisa. Au revoir !
Sur ce, elle s'en alla vers le fragile escalier de bois vermoulu qui montait à l'étage de l'auberge, soit les chambres, dans un boucan effroyable, qui ne dénotait pas de l'état des marches de bois.
Je la regardai s'éloigner, et dès qu'elle eu disparut, je me tournai vers Onibi. J'hésitais sur la conduite à tenir vis-à-vis de la jeune noble. Ses manières hautaines et méprisantes, témoins de son rang, me mettaient mal à l'aise et attisaient en moi rancœur et haine, ainsi que ses actions, dont j'avais été témoin dans la journée. Cependant, je n'aimais pas avoir d'ennemis, quels qu'ils soient.
Ma première impulsion était de m'éloigner avec un masque d'indifférence et d'aller manger seule à une table à l'autre bout de la salle, mais ce serait d'un irrespect total et égal à une déclaration de guerre. La deuxième possibilité qui s'offrait à moi était de rester où j'étais, et d'essayer de réengager la conversation, tout en commandant un repas pour deux personnes. La perspective de manger tout en me retenant de lancer des propos blessant à ma voisine de table était bien peu alléchante. Le troisième et dernier choix que j'avais était de siroter un cidre et d'attendre que la perceptrice réagisse elle-même.
Toujours indécise, je pesai le pour et le contre pendant encore une longue poignée de secondes, et optai pour la deuxième solution. Eviter dispute ou bagarre était maintenant mon devoir. J'adressai un avenant sourire de connivence à la jeune femme aux cheveux bleus et lui demandai :
_Que mangerez-vous ? Je peux vous offrir le couverts, si vous le désirez.